Le village de Turenne


06/06/2015 13:37


Turenne était l'une des sept villes murées de la vicomté (avec Argentat, Servières, Beaulieu, Gagnac, Martel et Saint-Céré).

Le pittoresque de la cité tient essentiellement à sa structure médiévale et à la qualité de son architecture : ses rues étroites, ses petites places, ses portes, ses passages sous porche, ses maisons serrées les unes contre les autres, notamment dans la rue Droite.
Les constructions en pierre calcaire, avec quelques éléments de grès bigarré ou rose, édifiées du XVème au XVIIIème siècles, révèlent un passé riche en événements historiques et prospère d'un point de vue économique.
Les maisons nobles et bourgeoises, encore nombreuses, sont ornées de tourelles et de tours coiffées en poivrières, d'échauguettes, de portes sculptées. On remarquera également les anciennes boutiques à étal de pierre en rez-de-chaussée.



La butte

En 885, avant que ne s'élèvent les donjons féodaux, les moines de Saint Martial de Limoges cherchent à protéger leurs reliques de la fureur des Normands. Ils choisissent Turenne, cette roche des " mieux armées, par la nature et par les hommes ".
Le bourg s'est développé sur les flancs de la butte aux abords des rampes d'accès qui mènent au château. Il donne encore l'image de l'unité qui a prévalu à sa construction.
Cernée par la Tourmente et les gros ruisseaux qui s'y jettent, la colline n'offre que des pentes raides sur trois côtés. Au sud, en revanche, une longue échine la relie au Causse, et le bourg s'y allonge au fil du temps, le long de la route qui mène à la forêt.

Le développement

Du fait du rôle militaire du château et de la prospérité de la vicomté, les chevaliers en surnombre doivent se loger à l'extérieur, dans la ville haute qui se serre autour du rocher, et dont ils surveillent les trois portes et le mur d'enceinte.
Plus tard, elle loge les officiers du Vicomte, employés de sa justice et de son administration.
A mesure que la paix s'instaure dans le royaume de France, à partir du XVIème siècle, les notables de la vicomté bâtissent à Turenne leurs demeures principales, d'abord à l'intérieur des enceintes (la ville), ensuite hors les murs.
Ainsi se constituèrent trois faubourgs (ou barris): au sud-ouest le barri de la ville, à l'est le barri Saint-Paul totalement ruiné lors des guerres de religion, et au nord le barri de Magal.

Fin de règne

Rappelons que Turenne fut une place forte protestante combattue lors des guerres de religion et un point d'appui des frondeurs lors de la régence d'Anne d'Autriche (lors de la minorité de Louis XIV).
Tenue à l'écart par Louis XIV et convoitée par les ducs de Noailles voisins, d'abord vassaux, puis concurrents, la famille des la Tour d'Auvergne se résout à vendre la vicomté au Roi en 1738.
En souvenir des événements précédents, il ordonna le démantèlement et une partie des bâtiments situés sur la plateforme sommitale sont alors détruits.
Le village sera ensuite baptisé Montfranc lors de la révolution. Turenne sera promu chef lieu de canton pour un temps fort court. Puis supplanté en 1801 par Meyssac, c'est désormais devenu un gros bourg rural assoupi, au milieu des vestiges de son glorieux passé.

Les matériaux de construction

Vivant aux limites des collines du Limousin et du plateau du Causse, les maçons de Turenne ont utilisé toutes sortes de pierres de construction : le calcaire bleu gris du Causse, le grès rouge de Collonges, le grès jaune de Gramont et le tuf ou travertin qui se forme dans les fontaines pétrifiantes.
A Turenne, les toitures prennent une grande importance. Elles constituent, à elles seules, un véritable paysage grâce à l'homogénéité de leurs matériaux.
La lauze (pierre plate) utilisée pour couvrir les tours, puis la tuile plate rose et brune couvrent les maisons jusqu'au XVIIème siècle où les lourdes ardoises venant du Nord de Brive (Travassac) les remplacent, nécessitant d'autres charpentes et permettant des pentes de toit plus aigues.
Les lauzes étaient tirées de la vallée de la Tourmente toute proche.



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